Nous savons, grâce aux importants travaux de Pierre Gros professeur émérite de l’institut Universitaire de France que la Maison Carrée de Nîmes est directement inspirée de temples importants à Rome que sont les temples de Mars Ultor et d’Apollon in Circo et que les cartons (les plans) pour sa réalisation seraient directement venus de Rome. Le Temple de Nîmes a été construit avec la participation des populations locales qui voulaient ainsi marquer leur adhésion au nouveau régime et leur attachement à Auguste et sa famille. Pierre Gros a aussi mis en évidence le travail d’artisans locaux pour la construction du temple.
Concernant l’opulence de son décor, c’est cette fois un autre monument symbolique qui est en relation avec la Maison Carrée : l’Autel de la Paix, l’Ara Pacis, édifié sur le Champ de Mars à Rome. Ce lien symbolique et formel a été particulièrement étudié et démontré par l’Historien Gilles Sauron.
Comme en témoigne l’inscription dédicatoire qui figurait sur le frontispice déchiffrée par l’érudit J-F Séguier en 1758 à partir des trous de scellement des lettres de bronze : « À Caius Caesar consul et Lucius Caesar consul désignés, fils d’Auguste, princes de la jeunesse » ; le Temple était dédié à la gloire des deux petits-fils, fils adoptifs et héritiers présomptifs d’Auguste : les consuls et chefs militaires Lucius Caesar et Caius Julius Caesar, les fils d’Agrippa, morts prématurément.
Parfait exemple d’architecture impériale en Gaule narbonnaise, la Maison Carrée de Nîmes est, avec le Panthéon de Rome, le seul édifice cultuel de l’antiquité qui nous soit parvenu pratiquement intact avec son décor extérieur. La frise de la Maison Carrée, ornée de rinceaux de feuilles d’acanthes et habitée d’oiseaux, est considérée par les spécialistes comme l’un des exemples les plus accomplis d’un décor symbolique lié au culte impérial datant des premières années de notre ère.
Le Temple utilisé tout au long des siècles pour s’adapter à des changements d’affectation, constitue à la fin du Moyen-âge le corps principal d’une demeure particulière. A partir de 1670, le pouvoir royal montre sa volonté de le réintégrer dans la sphère publique. Il devient alors la propriété des moines Augustins, qui sont autorisés à installer à l’intérieur leur église conventuelle. En 1824, la Maison Carrée est transformée en premier musée et musée archéologique de Nîmes puis elle sera utilisé comme salle d’exposition et de médiation jusqu’à nos jours.
La Maison Carrée de Nîmes a connu une première campagne de restauration de 1683 à 1691, puis une seconde, supervisée par J-F Séguier, entre 1778 et 1781. Quelques années plus tard, elle est dégagée des remparts, démolis en quasi-totalité. Après la Révolution française, l’ancien temple est restitué dans un état primitif hypothétique entre 1820 et 1821 et recouvre une partie de ses caractéristiques originelles notamment son podium en pierre de Barutel.
Entre 2006 et 2010, une restauration complète a été effectuée sous la direction d’un comité scientifique avec un architecte en chef des Monuments historiques et les services de l’Etat. L’ensemble des façades et décors du monument a été nettoyé et restauré, avec pour objectif la conservation pérenne des éléments tant originels que postérieurs, intégrant notamment les restaurations opérées au XVIIIe siècle, dans le but de transmettre le mieux possible la Maison Carrée aux générations futures. Cette campagne de travaux, qui a le plus possible préservé le Temple romain dans son état matériel d’origine, a permis de remettre en valeur la Maison Carrée dans les dispositions visibles aujourd’hui.