Unesco, J-30 : pour la Maison Carrée de Nîmes, c’est bientôt la fin du suspense

La 45e session du Comité du patrimoine mondial, qui se tient en Arabie Saoudite du 10 au 25 septembre, se prononcera sur la candidature de la Maison Carrée à l’Unesco. L’étude des propositions d’inscription débute le samedi 16 septembre. Dans 30 jours. D’ici là, Vivre Nîmes vous propose une série spéciale, sous forme de compte-à-rebours. Premier volet : gros plan sur la notion de Patrimoine mondial.

Le Patrimoine mondial, qu’est-ce que c’est ?

Tout part d’un événement particulier, qui suscite une prise de conscience mondiale. La décision de construire sur le Nil le barrage d’Assouan, dans les années 50, va inonder la vallée où se trouvaient les temples d’Abou Simbel, inestimables trésors de l’Egypte ancienne. La communauté internationale se mobilise : une cinquantaine de pays prennent part à la campagne, des dizaines de millions d’euros sont levés. Démontés, déplacés, réassemblés : les temples sont sauvés des eaux. Et la nécessité d’un partage des responsabilités entre pays pour préserver les sites culturels et naturels exceptionnels, ces biens qui appartiennent à l’humanité entière, est né.

La « convention concernant la protection du Patrimoine mondial, culturel et naturel » est adoptée par l’Unesco en 1972. Elle engage les Etats qui la ratifient (194 pays à ce jour) à protéger les monuments et sites qui constituent l’héritage des générations futures.

« Le patrimoine est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir », définit ledit texte. Un don du passé, pour l’avenir. Avec une vraie dimension universelle. Plus loin : « Les sites du Patrimoine mondial appartiennent à tous les peuples du monde, sans tenir compte du territoire sur lequel ils sont situés. » Si la Maison Carrée est inscrite sur la liste le mois prochain, elle entrera officiellement dans cette catégorie. « Nous souhaitons partager cet héritage avec le monde entier et ainsi continuer à faire vivre la Maison Carrée de Nîmes dans sa jeunesse éternelle », explique d’ailleurs le maire Jean-Paul Fournier.

– Le Patrimoine mondial, qui en fait partie ?

La Grande Muraille de Chine, le Machu Picchu (Pérou), les temples d’Angkor (Cambodge), la Grande Barrière de corail (Australie) ou le Taj Mahal (Inde)… Avant la 45e session élargie du Comité du patrimoine mondial, à Riyad en Arabie Saoudite le mois prochain, précisément 1157 biens sont inscrits sur la liste. Parmi eux, 900 biens culturels, 218 biens naturels et 39 biens mixtes.

L’Italie est le pays le mieux représenté avec 58 biens inscrits à l’Unesco. Complètent le podium : la Chine (56) puis l’Espagne et la France, qui comptent chacune 49 biens sur la liste (dont six biens naturels pour la France). La région Occitanie en réunit neuf à elle seule. Autour de de Nîmes, la densité est impressionnante avec le Pont du Gard (inscrit en 1985), Arles (« monuments romains et romans », 1981), Avignon (« centre historique », 1995) ou encore les Causses et Cévennes (« paysage culturel de l’agropastoralisme méditerranéen », 2011).

Début juin, lors de la grande soirée de soutien à la candidature de la Maison Carrée au théâtre de Nîmes (à revivre en vidéo ici), Stéphanie Guiraud-Chaumeil, maire d’Albi (inscrite en 2010) et vice-présidente de l’Association des biens français du Patrimoine mondial avait dit, sur scène, son souhait de voir Nîmes rejoindre le prestigieux groupe : « On vous souhaite le meilleur, on attend tous Nîmes avec beaucoup d’impatience ! »

– Une inscription, à quoi ça sert ? Qu’est-ce que ça change ?

Une fois inscrit sur la liste, un bien appartient donc, selon l’esprit de la convention de 1972, « à l’humanité entière ». Reconnaissance suprême de son importance. Il est alors placé sous regard et sauvegarde internationale.

Un statut qui ne changerait pas fondamentalement la donne en matière de protection pour la Maison Carrée, qui bénéficie déjà de toutes les mesures et soins possibles en la matière, mais qui peut s’avérer important dans des pays en développement ou touchés par des conflits… « Le pays peut également recevoir une assistance financière et technique afin de soutenir les activités de préservation », fait valoir l’Unesco.

Les conséquences sont aussi économiques : en moyenne, il est observé une hausse de fréquentation touristique entre 20% et 30% après une inscription. « Par rapport à 2010, on a doublé le nombre de visiteurs », témoignait même la maire d’Albi (1,3 million de visiteur par an pour une ville de moins de 50 000 habitants), lors de la grande soirée au théâtre Bernadette-Lafont. A Nîmes, les mesures sont déjà en place pour la gestion des flux touristiques.

– Comment se décide le Comité du Patrimoine mondial ?

Le chemin est long, parfois très long, avant qu’un Etat ne présente un bien devant le Comité du Patrimoine mondial. Le projet de candidature de la Maison Carrée de Nîmes remonte à cinq ans. « Mais parce qu’on a pu s’appuyer sur tout le travail réalisé en amont, durant près de 10 ans, pour le dossier précédent », rappelle l’élue Mary Bourgade.

Présentation de la Valeur universelle exceptionnelle (le critère sine qua non), puis présentation des périmètres, du plan de gestion et enfin du dossier complet que l’Etat français choisit de retenir, fin 2021, et de déposer quelques mois plus tard à l’Unesco : Nîmes franchit avec succès toutes les étapes. Le mois dernier, les experts indépendants de l’Icomos (le Comité international des monuments et des sites), chargés d’évaluer les biens et les sites candidats, rendent des conclusions positives et recommandent l’inscription du temple antique. De bon augure.

Batiments Culturel – Maison Carree

Il ne reste donc désormais qu’une ultime étape : l’inscription en elle-même, par le Comité du patrimoine mondial, qui se réunit (normalement) une fois par an et est composé des représentants de 21 Etats parties. Sa 45e session élargie, à Riyad en Arabie Saoudite, se penchera sur le dossier nîmois vraisemblablement le 18 ou le 19 septembre. Ce sera alors la fin du suspense.

Le patrimoine mondial, qu’est-ce que c’est ? La vidéo de l’Association des biens français du Patrimoine mondial :