Unesco : la Maison de Carrée de Nîmes s’apprête à rejoindre les sites du Patrimoine mondial

La 45e session du Comité du patrimoine mondial se tient en Arabie Saoudite. L’étude des propositions d’inscription, dont celle de la Maison Carrée, débute ce samedi. Onzième volet de notre série spéciale : ces biens, du monde entier et de la région, qui figurent sur la liste.

C’est une liste illustre, la plus prestigieuse qui soit en matière de patrimoine culturel ou naturel. En cas d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco, la Maison Carrée de Nîmes rejoindrait des sites comme la Grande Muraille de Chine, le Taj Mahal en Inde, le Machu Picchu au Pérou ou encore les Pyramides de Gizeh en Egypte.

Avant cette 45e session élargie du Comité du patrimoine mondial, qui se tient à Riyad en Arabie Saoudite, précisément 1157 biens sont inscrits sur la liste. Parmi eux, 900 biens culturels, 218 biens naturels et 39 biens mixtes. Troisième nation en nombre de sites inscrits, la France y est représentée à 49 reprises (dont six biens naturels).

La Grande Muraille de Chine. © Creative Commons

Plus près de Nîmes, d’autres sites d’exception ont déjà ce privilège. En Occitanie notamment, la région de France la plus fournie en biens classés au Patrimoine mondial de l’humanité, avec huit inscriptions Unesco : le Canal du Midi, Causses et Cévennes, les Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, le Cirque de Gavarnie, la Cité épiscopale d’Albi, la Cité médiévale de Carcassonne, les fortifications Vauban et notre cher Pont du Gard, élément phare de l’antique aqueduc de Nîmes. La Maison Carrée viendra-t-elle s’y ajouter ? Réponse imminente.

Je souhaite saluer la richesse culturelle et le dynamisme des villes d’Occitanie, qui ont plusieurs sites sur la liste du Patrimoine mondial. C’est la région de France qui en compte le plus.

PHILIPPE FRANC, AMBASSADEUR DE FRANCE 
AUPRÈS DE L’UNESCO 

EN OCCITANIE

Le Canal du Midi (inscrit en 1996)

« Avec ses 360 km navigables assurant la liaison entre la Méditerranée et l’Atlantique et ses 328 ouvrages (écluses, aqueducs, ponts, tunnels, etc), le réseau du canal du Midi, réalisé entre 1667 et 1694, constitue l’une des réalisations de génie civil les plus extraordinaires de l’ère moderne, qui ouvrit la voie à la révolution industrielle », précise la fiche Unesco du bien. Le souci de l’esthétique architecturale et des paysages créés qui anima son concepteur, Pierre-Paul Riquet, en fit non seulement une prouesse technique, mais aussi une œuvre d’art.

canal-du-midi.com

© Antonella Barrera

Le Pont du Gard (1985)

Le Pont du Gard a été construit peu avant l’ère chrétienne pour permettre à l’aqueduc de Nîmes, long de près de 50 km, de franchir le Gardon. En imaginant ce pont de 50 m de haut à trois niveaux, dont le plus long mesure 275 m, les ingénieurs hydrauliciens et architectes romains ont créé un chef-d’œuvre technique qui est aussi une œuvre d’art.

pontdugard.fr

© Pawel Gaul

Les Causses et les Cévennes, paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen (2011)

Le site, s’étendant sur 302 319 ha au sud du Massif central français, constitue un paysage de montagnes tressées de profondes vallées qui est représentatif de la relation existant entre les systèmes agropastoraux et leur environnement biophysique, notamment au travers des drailles ou routes de transhumance. Les villages et les grandes fermes en pierre situées sur les terrasses profondes des Causses reflètent l’organisation des grandes abbayes à partir du XIe siècle.

Le mont Lozère, faisant partie du site, est l’un des derniers lieux où l’on pratique toujours la transhumance estivale de la manière traditionnelle, en utilisant les drailles.

lozere-tourisme.com

Les Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France (1998)

Tout au long du Moyen-Âge, Saint-Jacques-de-Compostelle fut la plus importante de toutes les destinations pour d’innombrables pèlerins venant de toute l’Europe. Pour atteindre l’Espagne, les pèlerins devaient traverser la France, et les monuments historiques notables qui constituent la présente inscription sur la Liste du patrimoine mondial étaient des jalons sur les quatre routes qu’ils empruntaient.

chemins-compostelle.com

Edifiée à la fin du XIIe siècle, l’abbatiale de St Gilles est un véritable joyau architectural. Autrefois très fréquenté par les pèlerins du monde entier, le monument est aujourd’hui inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité au titre du bien en série Les Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France.  

Le Cirque de Gavarnie (1997)

L’ensemble « Pyrénées – Mont Perdu » se confond avec le Parc national des Pyrénées. Du haut de ses 3 352 mètres, le Mont Perdu orchestre les immenses remous de son massif qui chevauche la frontière franco-espagnole. D’un côté, il commande l’amplitude, rafraîchie de cascades et de forêts, des cirques majestueux de Gavarnie, Troumouse et Estaubé.

De l’autre, il domine les canyons d’Ordesa, Pineta et Añisclo, profonds et brûlants. Le cirque de Gavarnie fait partie de l’ensemble « Pyrénées – Mont Perdu », entre France et Espagne, classé par l’Unesco en 1997. Il est l’un des rares sites au monde à avoir la double classification (naturelle et culturelle).

tourisme-occitanie.com

La Cité épiscopale d’Albi (2010)

Située en bordure du Tarn, la vieille ville d’Albi, dans le sud-ouest de la France, reflète l’épanouissement d’un ensemble architectural et urbain médiéval dont témoignent aujourd’hui encore Le Pont-Vieux, le bourg de Saint-Salvi et son église (10e-11e siècle). Au XIIIe siècle, la ville devint une puissante cité épiscopale au lendemain de la croisade des Albigeois contre les Cathares.

D’un style gothique méridional original à base de briques aux tons rouge et orangé fabriquées localement, la cathédrale fortifiée qui domine la ville (XIIIe siècle) illustre la puissance retrouvée du clergé romain. Elle est complétée par le vaste palais épiscopal de la Berbie qui surplombe la rivière et est cernée par des quartiers d’habitations datant du Moyen Age. La cité épiscopale d’Albi forme un ensemble de monuments et de quartiers cohérent et homogène qui n’a pas subi de changements majeurs au fil des siècles.

albi-tourisme.fr

La ville fortifiée historique de Carcassonne (1997)

Depuis la période préromaine, des fortifications ont été érigées sur la colline où est aujourd’hui située Carcassonne. Sous sa forme actuelle, c’est un exemple remarquable de cité médiévale fortifiée dotée d’un énorme système défensif entourant le château et les corps de logis qui lui sont associés, les rues et la superbe cathédrale gothique.

Carcassonne doit aussi son importance exceptionnelle à la longue campagne de restauration menée par Viollet-le-Duc, l’un des fondateurs de la science moderne de la conservation.

tourisme-carcassonne.fr

Les fortifications Vauban (2008)

L’œuvre de Vauban comprend 12 groupes de bâtiments fortifiés et de constructions le long des frontières nord, est et ouest de la France. Ils constituent les meilleurs exemples du travail de Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707), l’architecte militaire de Louis XIV. Cette série comprend des villes neuves créées ex-nihilo, des citadelles, des enceintes urbaines à bastions et des tours bastionnées. Y figurent aussi des forts de montagne, des forts de côte, une batterie de montagne et deux structures de communication en montagne.

Ces sites sont inscrits en tant que témoins de l’apogée de la fortification bastionnée classique, typique de l’architecture militaire occidentale. Vauban a joué un rôle majeur dans l’histoire des fortifications en influençant l’architecture militaire en Europe, mais aussi sur les autres continents jusqu’au milieu du XIXe siècle. En Occitanie, on retrouve l’œuvre de Vauban à Villefranche-de-Conflent ou encore à Mont-Louis.

sites-vauban.org

Et aussi : Arles, Avignon, Orange…

Autour de de Nîmes et hors d’Occitanie, la densité de sites inscrits à l’Unesco est impressionnante. Citons Arles (« monuments romains et romans », 1981), Avignon (« centre historique », 1995) ou encore le Théâtre antique et ses abords et l’Arc de Triomphe d’Orange (1981). Des merveilles en série aux côté desquelles la Maison de Carrée de Nîmes mérite indéniablement de figurer.

+ d’infos
Retrouvez le site dédié à la candidature de la Maison Carrée au patrimoine mondial de l’Unesco en cliquant ici.
A lire ce dimanche sur vivrenimes.fr : l’interview du maire Jean-Paul Fournier, qui mène la délégation nîmoise à Riyad.