La 45e session du Comité du patrimoine mondial, qui se tient en Arabie Saoudite du 10 au 25 septembre, se prononcera sur la candidature de la Maison Carrée à l’Unesco. Sixième volet de notre série spéciale : rencontre avec Mary Bourgade, Adjointe déléguée à l’inscription Unesco, au Patrimoine antique et à la Coopération internationale décentralisée.
Vivre Nîmes : C’est la toute dernière ligne droite. La délégation nîmoise, conduite par le maire, s’envole pour Riyad ce vendredi 16 septembre. Que reste-t-il à faire avant la décision ?
Mary Bourgade : Tout le travail est déjà réalisé et les étapes ont été franchies avec succès. Le dossier est prêt, tout a été analysé et validé par les experts. Nous sommes sur le départ pour assister à la session du Comité du patrimoine mondial, en Arabie saoudite, qui doit se prononcer sur la proposition d’inscription de la Maison Carrée de Nîmes. Nous sommes suspendus à cette décision.
La longue procédure d’un dossier Unesco représente une tâche colossale, avec de nombreuses étapes à franchir auprès du Comité national des biens français. Cela demande généralement 10 ans de travail, toutefois nous avons réussi à mener à bien ce dossier de candidature en cinq ans, en nous appuyant pour la partie historique et la gestion du bien sur le dossier précédant.
Aujourd’hui, nous partons à Riyad avec un atout : le rapport des experts de l’Unesco : Icomos international proposent l’inscription sur la liste du Patrimoine mondial. Recommandation généralement suivie par le Comité du patrimoine mondial. Nous sommes donc assez confiants mais nous y allons tout de même avec beaucoup d’humilité. Depuis le début, nous sommes guidés par un mot d’ordre : passion, patience, persévérance. Nous allons le conserver jusqu’au bout !
En quoi une inscription à l’Unesco est-elle si importante ?
Pour plusieurs raisons : premièrement, la reconnaissance de notre patrimoine historique exceptionnel ! Mais je mettrai surtout en avant la notion de partage et de transmission. Obtenir une inscription au Patrimoine mondial, c’est partager avec le monde entier un bien dont la valeur universelle est exceptionnelle. C’est aussi prendre conscience de l’importance de la préservation et de la valorisation de ce patrimoine que nous avons reçu en héritage et de le transmettre à notre tour aux générations futures.
La Maison Carrée de Nîmes rejoindra bientôt, nous l’espérons, le Taj Mahal, les pyramides d’Egypte ou encore le Panthéon à Rome… Avec une inscription à l’Unesco, c’est le monde entier qui dit : « votre bien, il est exceptionnel » et qui le reconnaît comme tel. C’est merveilleux pour une ville. Beaucoup de Nîmois me le disent : ce serait une véritable fierté pour eux.
La Ville de Nîmes n’a pas attendu d’être candidate à une inscription à l’Unesco pour assurer la protection et la valorisation de son patrimoine…
En effet, c’est un sujet qui tient particulièrement à cœur au Maire Jean-Paul Fournier qui, depuis sa prise de fonction, a transformé la ville et réalisé un travail très important pour la conservation et la valorisation du patrimoine nîmois avec notamment le grand chantier de restauration de l’amphithéâtre qui va durer jusqu’en 2034. Le dernier exemple en date est la piétonnisation de la rue Auguste, inaugurée en mai dernier, qui offre une superbe perspective sur la Maison Carrée.
Le plan de gestion établit dans le cadre de la candidature Unesco comprend aussi des actions pour la connaissance, la conservation, la valorisation et la transmission du bien, avec notamment des mesures pour la gestion des flux touristiques. En matière de protection du patrimoine, à Nîmes, tous les curseurs sont poussés au maximum !
A titre plus personnel, quel est votre rapport avec la Maison Carrée ?
Ce qui me touche le plus, c’est le travail des constructeurs romains qui, comme le souligne l’éminent historien Pierre Gros, avaient fait participer les artisans locaux pour l’édification du temple dédié aux princes de la jeunesse.
Pendant les opérations de restauration, j’avais eu la chance de monter sur les échafaudages et d’admirer les détails de la frise de près. Quand vous voyez cela, 2000 ans après, dans cet état de conservation, c’est très fort ! Cette émotion m’accompagne toujours et ressurgit à chaque fois que je vois la Maison Carrée.
Je passe quasiment tous les jours devant, en voiture ou à pied. J’ai toujours au moins un regard pour elle. Je la photographie, sous différents angles, à différentes heures. En fait, même après tout ce temps passé à l’admirer, je la trouve toujours exceptionnelle !
+ d’infos
Retrouvez le site dédié à la candidature de la Maison Carrée au patrimoine mondial de l’Unesco en cliquant ici.
Prochain rendez-vous sur vivrenimes.fr, à J-6 (dimanche 10 septembre) : ces références à la Maison Carrée ailleurs dans la ville de Nîmes.